édito

Solutions alternatives : tout doit être regardé !

L’année 2024 sera celle de l’accélération de la recherche de solutions alternatives aux produits phytopharmaceutiques risquant d’être retirés. Aussi, avec un budget de 146 M€ pour 2024, le plan Parsada* mis en place par le Gouvernement est un signal fort pour le monde agricole. Il finance jusqu’à 100 % les projets que retiendra le ministère de l’Agriculture et de la Souveraineté alimentaire après avis du Comité scientifique et technique dédié à ce plan.

L’objectif  ? Ne plus fragiliser les productions. En effet, 38 % des usages ne sont pas pourvus en solutions de protection et 25 % ne disposent que d’une seule et unique solution. Désormais, l’approche se veut très terrain, collaborative et non descendante. Les éventuelles impasses techniques s’anticipent avec les filières agricoles et les instituts techniques, sous l’égide de l’Acta et d’Inrae. La technique et la recherche sont ensemble aux manettes. Les axes de travail se priorisent.

Parsada doit explorer tous les axes de recherche

Toutefois, pour réussir cette transition, tout doit être regardé ! Les prérequis pour les agriculteurs sont l’efficacité, la faisabilité et le coût. Le plan Parsada devra explorer tous les axes de recherche !

En effet, la protection des cultures se raisonne de façon holistique. Pour preuve, les vols de pyrales du maïs se repèrent avec des modèles numériques. Ensuite, une combinaison de solutions se met en place : bioprotection avec les parasitoïdes trichogrammes et Bacillus thuringiensis. La protection insecticide s’applique, si besoin, dans le respect des insectes auxiliaires.

Le biocontrôle constitue l’un des axes forts de Parsada. Des acteurs, tel le réseau de négociants et coopératives Actura, expérimentent ces solutions majoritairement préventives au plus près des conditions de terrain. En amont, leur efficacité intrinsèque est évaluée par l’Anses. Alors, loin des idées reçues, le biocontrôle prend un nouvel élan. La mise en œuvre du Grand défi du biocontrôle et de la biostimulation pour l’agroécologie porté par l’association ABBA illustre cette volonté. Plus de 80 acteurs y sont impliqués. Là encore, recherches publique et privée sont rassemblées pour plus de synergie.

* Plan d’action stratégique pour l’anticipation du potentiel retrait européen des substances actives et le développement de techniques alternatives pour la protection des cultures

Philippe Michel,

Directeur des affaires réglementaires et juridiques chez Phyteis

Démarche collective

Végésol confirme la robustesse des systèmes agricoles en agriculture régénératrice

Installée à Renescure (dans le Nord) sur les terres de Bonduelle, la plateforme Végésol est aujourd’hui une vraie valeur patrimoniale pour la science. Elle produit des indicateurs et démontre le rôle des couverts végétaux pour accroître la résilience des cultures.

Rencontre avec Thierry Tétu, agriculteur et maître de conférences à l’Université de Picardie Jules Verne, Julien Verzeaux agriculteur et fondateur de la société EJVN et François-Xavier Bauer, responsable groupe agriculture durable Syngenta.

Végésol est unique. Unique pour la durée de son programme expérimental autour d’un seul thème. En 2024, la plateforme entre dans sa quatorzième année d’essais sur l’agriculture de conservation des sols à l’échelle d’une rotation sur huit ans. Unique pour son approche à la fois scientifique, pragmatique et collaborative. D’ailleurs, elle fait l’objet de dix publications et de quatre thèses.

Bonduelle, Syngenta et l’Université de Picardie Jules Verne copilotent le dispositif Végésol. La ferme de La Woestyne, propriété du groupe légumier à Renescure (Nord), héberge les 7 ha d’essais. « Nous souhaitons montrer aux acteurs agricoles la résilience de ce modèle agricole, notamment avec les couverts végétaux et la réduction du travail du sol », explique François-Xavier Bauer, responsable agriculture durable chez Syngenta. Aussi, les protagonistes étudient trois itinéraires techniques. Ces derniers concernent l’impact de la réduction ou de l’absence de fertilisation, du travail du sol et de l’introduction de couverts végétaux. La rotation comprend du blé, de l’orge, des haricots verts, des pois, de la betterave et du maïs.

Végésol produit des indicateurs environnementaux, agronomiques et économiques

Avec l’aide de Julien Verzeaux, agriculteur et fondateur de la société EJVN, spécialiste en agroécologie, les partenaires élaborent des indicateurs. Ces derniers ciblent la fertilité et la vie biologique des sols, les performances agronomiques et économiques. Ainsi, ils mesurent l’activité enzymatique et mycorhizienne du sol et de la diversité des espèces microbiennes. D’autres quantifient l’azote total et minéral du sol, le stockage du carbone, l’humidité et l’acidité du sol. L’abondance en vers de terre et le niveau de compaction du sol complètent ces indicateurs spécifiques au sol. Également, la consommation de carburant et d’intrants ainsi que les rendements intègrent la liste des paramètres étudiés. Enfin, depuis trois ans, le niveau de pression des bioagresseurs, adventices et maladies, fait partie des critères de notation.

Renescure Bonduelle (1)

La plateforme Végésol accueille des groupes d’agriculteurs et de techniciens pour des formations sur l’agriculture régénératrice.

Hausse de 8 % à 10 % du rendement

Aussi, le 18 juin 2023, l’équipe de Végésol accueillait un groupe de techniciens et experts pour partager les derniers résultats. En 5 ans, la population des vers de terre a triplé. L’efficience des engrais azotés s’améliore avec en parallèle une diminution des pertes d’éléments minéraux par lessivage. En effet, le passage aux pratiques d’agriculture régénératrice ou de conservation des sols favorise l’activité enzymatique du sol et le développement des mycorhizes. Ces micro-organismes améliorent la capacité des cultures à assimiler l’eau et les éléments minéraux. De plus, une moindre pression en rouille brune du blé est relevée mais reste à confirmer. On ne trouve pas plus de mauvaises herbes dans les cultures malgré l’introduction des couverts végétaux et la réduction du travail du sol. Quant au rendement cumulé sur 3 ans (blé, maïs, orge), il augmente de 8 % dans les systèmes incluant les intercultures de couverts végétaux. La hausse peut aller jusqu’à + 11 % en ajoutant la réduction du travail du sol. La marge nette suit cette progression.

Daphné Souliez, chargée de projet Agro pour le groupe Bonduelle

« La plateforme Végésol se révèle être une mine d’or d’informations scientifiques pour Bonduelle. »

Nous sommes à l’origine du programme de recherche et d’expérimentation Végésol, lancé il y a 14 ans. En effet, dès 2010, le groupe Bonduelle insère, dans sa stratégie de responsabilité sociétale des entreprises (RSE), des critères de durabilité des systèmes agricoles. Il s’appuie sur les préceptes de l’agriculture régénératrice.

Parmi les critères retenus : la réduction du travail du sol, le maintien d’une couverture végétale et la diversification des cultures. Une utilisation parcimonieuse des ressources naturelles et des intrants fait aussi partie des leviers. Toutefois, nous devons vérifier qu’à l’échelle de la rotation, la culture légumière est compatible avec l’agriculture de conservation des sols. Raison pour laquelle nous nous sommes entourés de deux partenaires connaissant bien les rotations des Hauts-de-France. Aussi, nous avons contacté Syngenta dans le cadre de son programme agriculture durable et l’Université de Picardie Jules Verne. Ensemble, nous créons des références robustes. Côté résultats, nous ne notons pas plus de bioagresseurs dans les systèmes légumiers sans labour que dans les itinéraires classiques. En 2024, nous approfondissons le rôle des couverts végétaux. Par exemple, nous étudions précisément l’effet de chaque espèce dans la restructuration du sol et leur apport d’azote pour les légumes.

Guide bioagresseurs

Pyrales et sésamies du maïs, bien les maîtriser pour préserver la récolte

Avec le changement climatique, les insectes foreurs, pyrales et sésamies, sont systématiquement présents dans les rotations avec du maïs. Aussi, la vigilance s’impose, les larves s’attaquant aux tiges et aux épis. Blessés, les grains peuvent être contaminés par les fusarium. Ces champignons sécrètent des toxines dangereuses pour la santé humaine et animale.

Caterpillar of The European corn borer or borer or high-flyer (Ostrinia nubilalis) on corn stalk. It is a moth of the family Crambidae.

Aujourd’hui, la pyrale Ostrinia nubilalis se développe sur l’ensemble du territoire en effectuant de une à trois générations par an du nord au sud, selon les années.

Quant à la sésamie, Sesamia nonagrioides, autre lépidoptère «foreur du maïs», elle provient du bassin méditerranéen. Elle est présente dans toute la zone sud mais des foyers apparaissent jusqu’en Bretagne et Basse-Normandie depuis ces dernières années. La sésamie attaque le maïs plus précocement que la pyrale, dès le stade 4 feuilles. Ses larves, plus grosses, peuvent même sectionner un pied. La dernière génération altère généralement les épis.

Attaques de pyrales et sésamies, nuisibilité directe et indirecte élevées

La nuisibilité de ces papillons ravageurs se révèle à la fois directe et indirecte.

Elle est directe car les larves perforent les tiges, qui deviennent plus sensibles à la casse. Puis, elle devient indirecte car les blessures causées au niveau des grains ouvrent la porte aux pathogènes. Il s’agit notamment de ceux responsables de la fusariose. De surcroît, ces champignons sécrètent des mycotoxines dangereuses pour l’alimentation humaine et animale.

Suite aux attaques des insectes foreurs, Arvalis estime les pertes de rendement en maïs grain jusqu’à 16 quintaux par hectare. «Certes, la verse des pieds de maïs due aux galeries creusées par les larves de ces deux insectes foreurs conduit à une perte de revenu, partage Emmanuel Leduc, responsable marketing opérationnel France chez FMC. Néanmoins, c’est bien le volet qualité qui apparaît le plus préjudiciable pour les agriculteurs. En effet, en cas de dépassement des seuils de mycotoxines, les organismes stockeurs peuvent refuser les lots de grains. De plus, le maïs ensilage perd de la qualité nutritionnelle.»

Vigilance sur les dégâts des insectes foreurs face à la réglementation mycotoxines

En 2024, la réglementation sur les mycotoxines se durcit. Dorénavant, les seuils en mycotoxine DON s’établissent à 1500 µg/kg contre 1750 µg/kg les précédentes années. Les autres toxines surveillées appartiennent aux familles des Zéaralénones (Zéa) et Fumagines.

Plus que jamais, l’association des méthodes de protection contre les pyrales et sésamies s’avère essentielle. Combinées, ces méthodes évitent que les insectes foreurs blessent les épis et favorisent l’installation des fusarioses produisant ces toxines.

Repères

  • 1 larve de pyrale = 7 % de rendement en moins.
  • En cas de forte infestation de pyrales, on enregistre en moyenne des pertes de 5,3 q/ha(1)  en maïs grain et jusqu’à 1,3tMS/ha(2) en maïs ensilage.

(1) source : FMC – moyenne de 227 situations en 12 ans sur maïs grain.

(2) Source FMC – 23 situations de 2015 à 2021 en maïs ensilage.

 

 

Comment raisonner la protection du maïs contre les pyrales et sésamies en 2024 ?

Agronomie, Outils d’aide à la décision (OAD), biocontrôle et protection insecticide : le point sur les méthodes combinatoires de protection du maïs contre les insectes foreurs.

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«La stratégie de protection du maïs contre les insectes foreurs se met en place tout au long du cycle de la culture», répond Emmanuel Leduc, responsable marketing opérationnel France chez FMC. En fin d’été, les larves de pyrales et de sésamies migrent vers la base des tiges pour passer l’hiver. Au printemps, les premiers adultes émergent lorsque les températures s’adoucissent. «Le premier levier consiste donc à réduire le plus possible le foyer d’infection, complète-t-il. Alors, cela commence dès la récolte du maïs précédent, conduit ou non en monoculture.»

Le broyage des cannes de maïs, pratiqué au ras du sol, ainsi que l’enfouissement des résidus détruisent significativement les larves. De plus, l’efficacité s’accroît si cette pratique se réalise à l’échelle de la rotation et d’une zone agricole. À noter que la sésamie résiste difficilement à des températures de – 6°C pendant une semaine. Ainsi, les hivers froids peuvent réguler leur population. En revanche, les larves de pyrales survivent à des températures de – 25°C car cette espèce est endémique en Europe.

 

Repérer les vols de pyrales et sésamies grâce à l’agronomie digitale

Au printemps, la sésamie apparait la première. «Pour repérer sa dynamique de vol ainsi que celle de la pyrale, les Outils d’aide à la décision jouent un rôle clé, indique Patrick Bergougnoux, chef produit insecticides chez FMC. Ils s’emploient en complément des alertes des Bulletins de santé du végétal. L’essentiel réside dans le bon positionnement des solutions de protection afin qu’elles expriment toute leur efficacité. Ainsi, l’OAD Arc™ farm intelligence livre cette information par zone, grâce aux 280pièges du réseau FMC. Depuis 2015, des cages d’élevage réalisées par FMC permettent le suivi des émergences et des dynamiques des populations. Avec ces informations, l’équipe FMC rédige un bulletin d’information régional hebdomadaire sur la situation foreurs, en saison.»

 

Stratégie de protection combinatoire contre la pyrale de maïs

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Biocontrôle, protection insecticide, auxiliaires

Après avoir estimé la période de vol de ces lépidoptères ravageurs, la stratégie de protection intégrée est privilégiée en 2024. Plusieurs solutions combinatoires existent, dont le biocontrôle.

 

Biocontrôle

  • Bacillus thuringiensis : Cette bactérie contamine les larves de pyrales, sésamies et aussi d’héliothis lorsqu’elles sont au stade «baladeur». La toxine produite par ces micro-organismes interfère avec le système digestif de la larve après ingestion provoquant une septicémie.
  • Lâcher de trichogrammes :Uniquement efficace sur pyrales, cette technique a été mise au point dans les années 1980. Les œufs de ces micro-hyménoptères parasitoïdes sont contenus dans des capsules ou des plaquettes. Ils éclosent en 7vagues successives pour couvrir une génération de pyrales. Les plaquettes sont accrochées sur des tuteurs où des feuilles. Les capsules se positionnent manuellement dans la parcelle ou par drone. Cette méthode de lutte biologique dite «inondative» couvre aujourd’hui plus de70000 hectares de maïs.

 

Phytopharmacie

Avec le durcissement de la réglementation sur les mycotoxines en2024, il est impératif de limiter les attaques de pyrales et sésamies sur les épis. Aussi, dans les zones présentant un risque foreurs élevé, le recours à un insecticide peut s’avérer nécessaire. Il s’applique sur la première génération(G1) pour bloquer la dynamique de l’insecte ou sur la génération suivante(G2) qui impacte les épis. On peut compléter la protection avec des solutions de biocontrôle. «Dans la construction d’une stratégie de protection insecticide, le rôle des insectes auxiliaires essentiel et est à prendre en comptedans les choix des insecticides », ajoute Patrick Bergougnoux. Bien entendu, les traitements s’effectuent en dehors de l’activité des pollinisateurs dans le cadre de l’arrêté abeilles.

Les attaques de larves sur épis ouvrent la porte aux spores des fusariums qui augmentent le risque de développement de mycotoxines DON et ZEA. Une intervention insecticide peut être nécessaire dès le début de la formation de l’épis pour limiter leur développement.

Familles insecticides :

  • Pyréthrinoïdes : Les lambda-cyhalothrine, perméthrine, deltaméthrine et cyperméthrine, insecticides neurotoxiques, possèdent un mode d’action larvicide.Des populations de pyrales résistantes aux pyréthrinoïdes ont été détectées dans le centre de la France.
  • Diamides : La chlorantraniliprole est un insecticide myobloquant. Il cumule unmode d’action ovicide, ovo-larvide et larvicide. Cette substance active est sélective des auxiliaires des cultures dont les trichogrammes. Le produit se positionne à 30 % du vol des pyrales ou sésamies, c’est-à-dire au tout début des pontes.
  • Spinosines : Le spinosad est une substance issue de la fermentation de bactéries du sol produisant les spinosines A et Ad. Ces toxines agissent sur le système nerveux des larves de pyrales et de sésamies. Par ailleurs, cet insecticide est utilisable en agriculture biologique.
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Les pièges lumineux renseignent sur la dynamique des populations de pyrales.

Protéger le maïs contre les insectes foreurs en 2030 

  • Méthodes insectifuges en cours d’études à l’aide de kairomones qui attirent ou repoussent les insectes.
  • Confusion sexuelle à l’aide de phéromones qui perturbent l’accouplement des papillons
  • Ravageurs auxiliaires Cotesia Thypae avec un effet sur la sésamie. L’université Paris-Saclay, avec Arvalis, Bioline AgroSciences…, pilotent ce projet (Cotebio).
  • Solutions de biocontrôle et insecticides pour contrôler les fortes pressions.

L’avis d’Emmanuel Sagot, agriculteur près de Fontenay-le-Comte en Vendée

Pas question pour Emmanuel Sagot de risquer la moindre attaque de larves de pyrales sur ses maïs réservés à la production de semences. La règle s’applique aussi aux maïs grains et ensilages. Sa solution ? Combiner levier agronomique et protection insecticide. Le prérequis : préserver les insectes auxiliaires et les pollinisateurs.

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« Avec la pyrale, je n’ai pas le droit à l’erreur en maïs semences.»

Autour de la ferme d’Emmanuel Sagot (200 ha), le maïs est omniprésent. Conséquence, le risque d’attaques de la pyrale ou de la sésamie reste élevé chaque année. Il se manifeste avec l’arrivée des premiers pics de chaleur en juin. Alors, l’agriculteur, aussi éleveur, surveille les premiers vols de pyrales et de sésamies comme le lait sur le feu. Sur 70 ha consacrés à cette culture, 25 ha se destinent à la production de semences. « Les cahiers des charges des semenciers imposent un excellent niveau sanitaire, explique-t-il. De plus, ces maïs sont moins productifs. Obligatoirement, il faut préserver leur potentiel de rendement ».

 

Réduire les foyers de pyrales du maïs sur toute l’exploitation agricole

En complément, il cultive du maïs grain en monoculture et du maïs pour l’ensilage. « Mon objectif est de réduire au maximum le foyer d’infection, ajoute Emmanuel Sagot. Aussi, je raisonne ma stratégie de protection phytosanitaire à l’échelle de l’exploitation. » Une année, il a tenté l’impasse sur les maïs grains : « Plus jamais je ne le referai. J’ai perdu 15 q/ha, soit une perte de 230 euros/ha… Sur 40 ha, c’est important ».

Depuis, tout le monde est logé à la même enseigne ! Sur chaque parcelle, une combinaison de leviers agronomiques est mise en place. Seul objectif : abaisser le plus possible le foyer de pyrales et sésamies dans chaque parcelle en préservant la biodiversité. En effet, les autres insectes, dont les auxiliaires, sont systématiquement pris en compte.

Surveillance des vols de pyrales avec un OAD

Tout commence par une surveillance des vols de pyrales et sésamies. « Je m’appuie sur les résultats de l’outil d’aide à la décision Arc™ farm intelligence de FMC, indique Emmanuel Sagot. Ensuite, je les croise avec ceux des Bulletins de santé du végétal et les avis des conseillers techniques du groupe d’agriculteurs auquel j’appartiens ». Ainsi, il recherche le moment le plus opportun pour traiter. « En Vendée, nous avons deux vols de pyrales, précise-t-il. J’interviens soit en fonction du vol de l’insecte, soit du stade du maïs. L’insecticide possède une bonne rémanence, de 21 jours environ. J’essaye de composer avec ces paramètres et jusqu’à présent je ne me suis pas trompé. » Généralement, il réalise le traitement autour du 20 mai, car ensuite les maïs sont trop hauts. « En effet, si le premier vol se repère début mai mais que le maïs est vraiment petit, je préfère attendre, complète Emmanuel Sagot. Alors, je vise un 2e vol plus tardif avant la limite de passage tracteur. Dans ce cas, j’élimine le plus grand nombre de larves et d’œufs. L’investissement est optimisé ».

 

Approche territoriale de la protection des maïs

De plus, certains de ses voisins en production laitière ne traitent pas les maïs ensilages. L’intervention doit donc éviter toute ré-infestation venant de ces zones potentiellement attaquées. Raison pour laquelle il ne pratique pas le lâcher de trichogrammes. Ces micro-hyménoptères parasitent les œufs de pyrales. « Pour que cela marche, une plus grande zone doit opter pour cette méthode biologique », souligne l’agriculteur.

Toutefois, sur d’autres secteurs de Vendée où la pression des pyrales se révèle moins élevée, la lutte biologique s’envisage collectivement. Efficace, elle peut aussi être combinée avec d’autres méthodes si besoin.

Protection insecticide et préservation des insectes auxiliaires

Quant au produit, outre sa rémanence, il doit impérativement préserver l’action des insectes auxiliaires et des pollinisateurs. Le choix d’Emmanuel Sagot se porte sur une formulation composée de chlorantraniliprole : « Le produit respecte ces insectes utiles ». Une équipe de Polleniz, réseau de biosurveillance des Pays de la Loire, effectue des comptages d’insectes dans les parcelles. « Les évaluations de 2022 révèlent que les auxiliaires inféodés au maïs sont présents, témoigne-t-il. De plus, de nouvelles espèces apparaissent. »

Par ailleurs, en complément de l’application de l’insecticide, le broyage des cannes se pratique juste derrière le battage du maïs. Objectif : éliminer toute forme de conservation des insectes. « Nous rasons même le sol, il ne doit rien rester ! », prévient Emmanuel Sagot.

Si demain d’autres moyens de lutte alternative arrivent sur le marché, il se dit ouvert. Toutefois, avec une condition : que ces solutions maintiennent le même niveau de rentabilité. « Nous sommes des passionnés mais nous devons vivre de notre métier », conclut-il.

Comment favoriser la lutte biologique par conservation contre les pyrales ?

Dans les agrosystèmes diversifiés, la chasse est ouverte ! Auxiliaires prédateurs spécialistes ou généralistes, parasitoïdes et pathogènes s’attaquent aux insectes phytophages. Cette lutte biologique par conservation s’inscrit dans une approche globale de protection des cultures. Un cortège d’auxiliaires régule les populations de pyrales. Le point sur ces espèces et conseils clés pour qu’ils interviennent dans les maïs.

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« Gardez des zones sauvages dans vos agrosystèmes ! Ne les enlevez surtout pas pour mettre des bandes fleuries ! » L’entomologiste, Raphaël Rouzes, cofondateur d’Entomo-Remedium, est formel : « Cela est valable pour toutes les populations de prédateurs des insectes ravageurs des cultures : plus on conserve l’habitat d’origine, mieux c’est ! ». En revanche, installer ces bandes dans les milieux artificialisés a plus de sens. Ajoutant que « les bandes mellifères attirent les abeilles, mais ce n’est pas un auxiliaire des cultures. Il faut de la diversité dans les espèces ». En d’autres termes, laisser les herbes non tondues dans les bords de champs, c’est bien. À l’intérieur de la parcelle, avoir des points relais, c’est encore mieux. Alors, la stratégie de lutte biologique par conservation déploiera ses meilleurs éléments !

Pour étayer ses conseils, Raphaël Rouzes s’appuie notamment sur une méta-analyse inédite menée en 2019. Elle compile les résultats de 89 travaux portant sur plus 1 500 sites dans le monde. Des systèmes de cultures très variés ont été étudiés : blé, colza, vergers, fraises, noix de cajou… « L’étude révèle que la simplification des paysages réduit de 50 % la régulation naturelle des ravageurs, indique-t-il. L’impact sur l’efficacité de la pollinisation est de 30 %. »

De plus, garder des zones sauvages complète les pratiques agricoles. « Elles permettent aux insectes de recoloniser les champs après un traitement phytosanitaire, explique-t-il. Très vite, ils reviennent en nombre. On peut aussi favoriser leur implantation à l’intérieur de la parcelle en n’utilisant pas d’insecticide généraliste. » Par ailleurs, il précise que le développement péri-urbain est le premier facteur limitant de la biodiversité dont les insectes.

Entomo Remedium, Portrait d'Acteurs, Paillet, Gironde, France

Raphaël Rouzes, entomologiste : « La lutte biologique par conservation est une stratégie récente de plus en plus utilisée. Elle répond à l’évolution sociétale de moins de produits phytopharmaceutiques ».

Les araignées, fer de lance de la lutte biologique par conservation

Pour savoir si le milieu agricole convient aux auxiliaires, afin qu’ils jouent pleinement leur rôle de régulateur, Raphaël Rouzes donne un petit indice : « Évaluer le taux et la diversité d’araignées dans un champ. Il renseigne sur la biodiversité fonctionnelle à l’œuvre dans un agrosystème ». En l’occurrence, les arachnides sont utiles pour piéger les pyrales.

Ces prédateurs officient aux différents stades de la vie de l’insecte, dans le champ comme en dehors. De fait, plus les espèces seront diversifiées et nombreuses, plus elles seront efficaces. « Des araignées chassent par prédation, précise-t-il. Nombre d’espèces capturent dans leur toile les insectes phytophages des plantes cultivées. » Dans le cas des pyrales, si les araignées interviennent dès le printemps, le potentiel de dégâts d’une génération, voire des générations suivantes, se réduit considérablement. D’autres araignées, plus opportunistes, se mettent à l’affût pour attaquer les jeunes chenilles. Il s’agit des Thomisidae et des Salticidae, dépourvues de soie.

Auxiliaires prédateurs spécialistes et parasitoïdes en renfort

Du côté des insectes prédateurs spécialistes, figurent des espèces connues telles que les syrphes. Plutôt spécialisées dans les pucerons, elles peuvent nettoyer les pontes des pyrales adultes ou consommer les jeunes chenilles. Même appétence pour les coccinelles adultes, d’habitude plutôt connues, elles aussi, pour éliminer les pucerons. De petites punaises Anthocoridés, principalement les espèces d’Orius sp., vident carrément les ooplaques accrochées le long des nervures des feuilles de maïs.

Autre catégorie d’auxiliaires, les parasitoïdes. « Un cortège de guêpes solitaires est très spécifique sur la population de pyrales », signale Raphaël Rouzes. Parmi celles-ci : la mouche des chenilles ou mouche tachinaire. Elle pond à l’entrée des galeries des pyrales. Les larves dévorent l’intérieur des chenilles. « À la fin, au lieu d’avoir une pyrale qui sort de la chenille, on a une nouvelle mouche ! C’est la plus efficace des parasitoïdes », souligne-t-il.

Créer les bonnes conditions de la lutte biologique par conservation

  • Casser la monotonie d’un parcellaire en installant des haies (sureau, lierre, noisetier), bosquets, et en laissant des zones non cultivées.
  • Augmenter la connectivité en laissant un maximum d’espaces enherbés sauvages dont les bords de champs.
  • Installer dans le champ, si possible des zones refuges enherbées multi-espèces. Exemple : apiacées (ombellifères), astéracées (composées), fabacées (légumineuses), graminées, euphorbiacées.
  • Laisser fleurir le bord de champ. Ne pas intervenir entre la mi-mars et la fin juillet.
  • Idéalement, obtenir 20 % de la SAU en espaces enherbés sauvages.
Carnets

Sciences – Au plus près des essais en protection des cultures avec Certis Belchim

Quel est le quotidien d’une station d’expérimentation ? Comment sont testés et repérés les futurs candidats à l’homologation ainsi que les meilleures formulations ? Visite guidée de la plateforme de Certis Belchim localisée à Fronton en Haute-Garonne.

Le site de Fronton de Certis Belchim illustre parfaitement la pluralité des expérimentations menées sur un tel lieu. « Ouvert en 2016, il permet d’approfondir les connaissances sur le fonctionnement des solutions de protection des cultures, à venir ou déjà sur le marché », partage Didier Verneuil, responsable de la structure.

Principalement dédiée à 25 cultures du sud de l’Europe, dont la viticulture, l’arboriculture, les cultures légumières, le maïs et le tournesol, cette station est l’une des quatre plateformes expérimentales de recherche de l’entreprise. Outre les 24 ha d’essais sur toutes les familles de produits, elle intègre une partie laboratoire. Des tests de formulations et d’efficacité y sont réalisés dans le cadre de la préparation des dossiers d’homologation. « C’est là où tout commence, avant de regarder le comportement des produits au champ », indique Mickaël Iglesias, en charge du laboratoire. Ainsi, il isole les candidats prometteurs. D’ailleurs, une cinquantaine d’entre eux est évaluée chaque année sur ce site. « Au final, seulement deux formulations en moyenne poursuivent le long parcours de l’évaluation », complète Didier Verneuil.

 

Station Certis Belchim de Fronton, une mission aussi pédagogique

Autre vocation de la station de Fronton : apporter de la pédagogie, former et montrer les innovations. Dans ce cadre, du 18 au 20 juillet 2023, plus de 350 clients européens et partenaires de l’entreprise ont suivi un parcours complet. Ils soulignent l’intérêt d’être au cœur du dispositif pour mieux comprendre le déroulement des essais. Par ailleurs, ces journées d’échanges sont également un moyen d’appréhender les solutions d’avenir, notamment en biocontrôle. Ceci pour les utilisateurs comme pour les chercheurs. « Ainsi, nous avons des remontées du terrain pour mettre en place les solutions du futur, ajoute Ronan Goff, directeur de Certis Belchim France. Lesquelles s’inscrivent dans le cadre d’une approche combinatoire. »

Pratiques – Des pulvérisateurs performants remplissent les objectifs de réduction des phytos et de la dérive

La stratégie Écophyto 2030 manque d’ambition sur le rôle des pulvérisateurs, comme les précédents plans. La réglementation se révèle même contre-productive pour améliorer le parc. Toutefois, des solutions existent pour diminuer l’usage des produits phytosanitaires et la dérive. Elles améliorent la qualité de la pulvérisation. Exemple en vigne.

1 Essai pulvé en cours

« L’agroéquipement a du mal à prendre sa place dans les stratégies Écophyto, explique Sébastien Codis, ingénieur mécanisation - protection du vignoble, Unité mixte Ecotech - IFV-INRAE. Dans l’esprit de beaucoup de personnes, la pulvérisation va s’arrêter. En fait, tout passe par le pulvérisateur, y compris l’atteinte des objectifs chiffrés de baisse des utilisations de produits phytosanitaires. » Par exemple, ces machines sont indispensables pour réduire les quantités de cuivre et généraliser le biocontrôle. « Les solutions de bioprotection qui s’appliqueront largement demain sont celles qui requièrent des technologies déjà maîtrisées », souligne Ronan Vigouroux, responsable environnement chez Phyteis.

 

La qualité de la pulvérisation composante de l’efficacité du produit phytopharmaceutique

De plus, pour maintenir l’efficacité agronomique d’un produit, la qualité de la pulvérisation devient cruciale. « Les produits phytopharmaceutiques qui arrivent sur le marché sont beaucoup moins dosés, rappelle Adrien Vergès, ingénieur optimisation de la pulvérisation à l’Institut de la vigne et du vin (IFV). Les substances actives sont moins efficaces. Par conséquent, la qualité de la pulvérisation fait partie de l’efficacité du produit. »

Les matériels les plus performants assurent une pulvérisation « face par face » de la végétation. Ainsi, l’ensemble des organes de la vigne est protégé. Autre bénéfice apporté par cette technique : jusqu’à 30 % d’économie de la quantité pulvérisée par ha. Ce ratio se retrouve pour les pulvérisateurs équipés de panneaux récupérateurs. « Comme on réduit les pertes, le produit s’applique uniquement là où il doit être, complète l’ingénieur. Donc, le meilleur pulvérisateur dépose la goutte au plus près de la feuille et des deux côtés. » Aussi, ce gain de performance permet de réduire les doses. De telles machines sont labellisées Performance Pulvé.

 

Réduction de la dérive, la réglementation n’incite pas à l’achat de pulvérisateurs performants

Un autre cas de figure illustre le lien entre l’évolution réglementaire et le rôle positif des agroéquipements. Il s’agit de la protection des zones sensibles vis-à-vis des riverains ou pour des raisons environnementales : ZNT, DSR, DSPPR (voir encadré). D’une largeur de 3 à 20 m, elles sont exemptes de traitement. Toutefois, la DSR et la ZNT peuvent se restreindre. De cette façon, une DSR fixée à 10 m en viticulture peut être ramenée à 3 m avec une buse diminuant la dérive de 90 %. En effet, le ministère de l’Agriculture classe les techniques d’application selon deux niveaux de réduction de la dérive : 66 % et 90 %.

Dans les essais menés par l’IFV, une combinaison de dispositifs fait ses preuves. Ainsi, l’implantation de haies en bordure des vignes et l’emploi d’un pulvérisateur face par face équipé de buses à injection d’air (ou classées antidérive) réduisent la dérive de plus de 97 %. « De plus, la qualité de la pulvérisation est préservée », confirme Adrien Vergès.

En revanche, les DSPPR figurant dans les dossiers d’Autorisation de mise sur le marché (AMM) et sur les étiquettes sont incompressibles. La règle se conserve même avec des buses antidérive ou des pulvérisateurs de précision. « La réglementation protège les riverains ce qui est très bien, commente Sébastien Codis. Néanmoins, la nouvelle règle des DSPPR incompressibles va à l’encontre de l’amélioration du parc de pulvérisation. Celle-ci n’incite pas non plus les constructeurs à innover pour développer des matériels et équipements plus performants. » D’ailleurs, la Cietap, l’une des commissions de Végéphyl, interpelle sur cet enjeu.

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Renouvellement des pulvérisateurs freiné

Cependant, plus de 70 % des pulvérisateurs utilisés en vigne sont toujours de type pneumatique. « Or, on ne sait pas diminuer la dérive avec ce type de matériel », ajoute Adrien Vergès. Les aides de France 2030 ne sont pas assez fléchées vers cet objectif pour aider au renouvellement du parc. Elles ne ciblent pas suffisamment la qualité de la pulvérisation. Autre solution, moins coûteuse : aider les viticulteurs à adapter les buses sur le matériel existant, quand cela est possible. De même, les systèmes de ventilation se règlent. « Des experts des Chambres d’agriculture remplissent cette mission, mais ils sont peu nombreux », complète Ronan Vigouroux.

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Une architecture des rampes de pulvérisateur proche de la végétation et une ventilation faible réduisent considérablement la dérive. Ces caractéristiques améliorent aussi la qualité de la pulvérisation.

Les différentes distances « tampons » réglementaires

  • Zones non traitées aquatiques (ZNT eau) : protection des eaux de surface depuis 2006 ;
  • Distances de sécurité riverains (DSR) : arrêté ministériel depuis 2019 ;
  • Distances de sécurité personnes présentes et résidents (DSPPR) : figurent sur les étiquettes des produits phytopharmaceutiques lors du renouvellement de son Autorisation de mise sur le marché (AMM) par l’Anses ;
  • « ZNT arthropodes » et « ZNT plantes non-cibles » : fixées dans les AMM et s’appliquent à proximité des Zones non cultivées adjacentes (ZNCA).

Réglementaire – Décryptage des principaux textes et projets législatifs en Europe et en France

La stratégie globale du Plan Écophyto 2030 est mise en pause. Le Gouvernement travaille notamment sur un nouvel indicateur. Le plan Parsada est lancé pour trouver des alternatives aux produits phytopharmaceutiques susceptibles d’être retirés. Au niveau européen, le Parlement européen adopte sa position sur le projet de Règlement relatif aux nouvelles techniques génomiques (NGT). Quant au règlement SUR (Sustainable Use Regulation), la présidente de la Commission européenne a proposé le retrait du texte.

Europe

Règlement SUR (Sustainable Use Regulation), retrait du texte  

Le projet de règlement SUR a été rejeté fin novembre par le Parlement européen. Au niveau du Conseil de l’UE, il n’y a plus d’avancée. Dans ce contexte, la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a proposé au collège de l’UE de retirer le texte. La Commission va travailler à une nouvelle approche avec une concertation accrue des parties prenantes. Le dialogue stratégique sur l’agriculture lancé fin janvier pourrait aider à fixer les nouvelles orientations.

Variétés NGT, le parlement adopte sa position

Ce 7 février, le Parlement européen adopte sa position sur le projet de règlement relatif aux variétés obtenues par édition du génome (NGT). Les députés confirment la proposition initiale de la Commission qui scinde ces plantes en deux catégories avec chacune ses propres règles. Après un vote sur un texte de compromis des États membres, une négociation inter-institutions (Commission, Conseil et Parlement) pourra débuter afin d’aboutir à un règlement final.

France

Lancement de Parsada, montée en puissance de la recherche collaborative

Le Plan d’action stratégique pour l’anticipation du potentiel retrait européen des substances actives et le développement de techniques alternatives de protection des cultures, baptisé Parsada, a été publié fin décembre. Il est doté d’une enveloppe de 146 millions d’euros. Un appel à manifestation d’intérêt a été lancé. Un comité scientifique et technique évalue tous les projets.

Le plan d’action a été élaboré par les instituts techniques avec les filières afin d’adopter une approche de la protection des cultures plus fine et prospective. L’objectif est d’appréhender, face au risque d’impasse technique, un ensemble de solutions.

Jean-Paul Bordes, directeur général de l’Acta et Christian Huyghe, directeur scientifique agriculture de l’Inrae assurent la coprésidence du Comité scientifique et technique. La gouvernance repose sur deux niveaux. Un comité interfilières pour la protection des cultures associe les représentants des interprofessions et instituts techniques et les partenaires (Inrae, Anses, Cirad, Chambres d’agriculture de France…) Un second niveau se découpe en huit task force ou groupes de travail : grandes cultures, fruits et légumes, plantes à parfum, aromatiques, médicinales et houblon, vigne, horticulture, semences, filières ultramarines, productions biologiques. Chacun donne ses priorités : gestion des adventices, pathogènes, ravageurs (ex. Drosophyla suzikii en fruits rouges).

CEPP, durcissement des règles

Le nouveau dispositif de CEPP en vigueur depuis le 1er janvier 2024 instaure une contravention de cinquième classe (jusqu’à 1 500 €). Elle s’applique aux entreprises qui n’obtiennent pas au moins 10 % des obligations notifiées. De plus, pour des écarts constatés entre le nombre de certificats obtenus et ceux qui font l’objet d’un justificatif allant de 10 % à 20 %, des obligations complémentaires sont notifiées. Ainsi, elles correspondent à la moitié des certificats qui n’ont pas été justifiés.

Conseil stratégique et Certiphyto : calendrier calé sur la réalité du terrain 

Une souplesse est accordée dans le cadre du renouvellement du Certiphyto en raison du retard pris pour délivrer le conseil stratégique aux agriculteurs. Ainsi, le décret n° 2023-1277 du 26 décembre 2023, adapte le calendrier pour produire l’attestation de conseil stratégique. Ce décret est paru au JO du 28 décembre 2023. Les utilisateurs professionnels de produits phytopharmaceutiques disposent d’un délai d’un an supplémentaire, non renouvelable pour produire le document. Toutefois, ils devront présenter un justificatif de prise de rendez-vous auprès du conseiller agréé. Quant au Certiphyto, il bénéficie lui aussi d’une année de prolongation. Au bout d’un an, le certificat est accordé pour les quatre années suivantes. De son côté, l’attestation de conseil stratégique doit être présentée avant la fin de validité du Certiphyto provisoire.

Les professionnels qui renouvellent leur Certiphyto en 2024 et en 2025 sont prioritaires pour demander un conseil stratégique. De plus, l’adaptation du calendrier reste en vigueur jusqu’au 31 décembre 2027 sur le territoire métropolitain. Elle court jusqu’au 31 décembre 2028 pour les DOM. Pour ces départements, les agriculteurs et utilisateurs professionnels n’ont pas à justifier d’attestation de rendez-vous de conseil stratégique.

Par ailleurs, le Gouvernement prévoit de réformer le dispositif de conseil.

Écophyto 2030, révision des indicateurs de suivi ?

La mise sur pause du Plan Ecophyto 2030 annoncée par le Premier ministre le 1er février concerne notamment la révision de l’indicateur de suivi Nodu (nombre de doses unités). Son calcul correspond aux quantités vendues par dose unité (dose maximale de la substance active applicable par hectare). Il est la référence des plans Ecophyto I et II. Au niveau européen, c’est l’indicateur de risque HRI1 qui est retenu. Il mesure le risque lié aux produits phytopharmaceutiques vendus et s’appuie sur un système de pondération. Les produits les plus à risques ont un coefficient plus élevé. Par ailleurs, le Gouvernement envisage aussi la suppression du conseil stratégique « dans sa forme actuelle » et « à un conseil réformé, simple et sans surcharge administrative ».

Dossier

Biocontrôle, en finir avec les idées reçues !

Dans ce dossier, place au principe de réalité avec les produits de biocontrôle. Face aux a priori, tant sur leur propriété, leur utilisation et leur évaluation, les acteurs du terrain, experts de l’Anses, de l’expérimentation et des entreprises de protection des cultures prennent la parole.

Druart De Sangosse Brunel Chateau Bourseault

Que n’a-t-on pas entendu ces dix dernières années sur les produits de biocontrôle ! « Cosmétiques, inefficaces, compliqués à utiliser ! » À ces légendes « rurales », fausses, s’ajoute aussi un questionnement sur leur évaluation. Celle qui se déroule en amont de leur commercialisation et avant leur déploiement sur le terrain… Autant d’idées reçues qui méritent d’être clarifiées, contrées avec des preuves à l’appui pour enfin être définitivement oubliées !

En effet, pour Jean-Paul Bordes, directeur général de l’Acta, les enjeux sont tout autres. « La question qui se pose est : de quelle manière pouvons-nous les appliquer dans les meilleures conditions ? » Allusion faite à leur mode d’action, majoritairement préventif. Un enjeu que partage Charlotte Grastilleur, directrice générale déléguée, chargée du pôle « Produits réglementés » de l’Anses.

D’ailleurs, les instituts techniques et les entreprises de protection des cultures y répondent en les évaluant en conditions réelles. Les méthodes de travail contredisent l’image d’une recherche et d’une expérimentation en « silo ». De même, les distributeurs agricoles, tel le réseau Actura, se créent un patrimoine de références techniques.

 

L’itinéraire technique s’élabore par le prisme des biosolutions

Chacun, à l’image du Champagne château Boursault, membre du réseau de fermes Biosolutions De Sangosse, trouve la bonne association en réalisant ses propres expérimentations pour réussir l’adoption de ces produits. Damien Laurent, céréalier en Haute-Loire avec une exploitation certifiée Haute valeur environnementale (HVE), confirme : « L’idée est de trouver la combinaison de biosolutions adaptée à son système de cultures ». D’ailleurs, loin d’être réservés aux productions spécialisées, les produits de biocontrôle investissent tous les segments, y compris en grandes cultures.

Comme l’indique Yves Picquet, président de Phyteis, « en trente ans, nous n’avons jamais eu autant d’innovations qu’actuellement : biocontrôle, biostimulants, micronutriments, robotique… Le biocontrôle ouvre lui-même de grandes perspectives ».

Biocontrôle, quatre familles de produits

Les produits de biocontrôle  se classent en quatre catégories :

  • Les macro-organismes
  • Les micro-organismes
  • Les médiateurs chimiques comme les phéromones ou les kairomones
  • Les substances naturelles d’origine végétale, animale ou minérale

 

À l’exception des macro-organismes, tous les produits de biocontrôle sont encadrés par le règlement (CE) 1107/2009 et répondent à la définition des produits phytopharmaceutiques.

Certains sont inscrits sur la liste des produits de biocontrôle de la DGAL (Direction générale de l’alimentation). D’autres sont utilisables en agriculture biologique. Une majorité cumule ces deux possibilités.

Les biosolutions peuvent être définies comme regroupant : les produits de biocontrôle, les biostimulants, les produits utilisables en agriculture biologique et les adjuvants d’origine naturelle.

Regards croisés entre Jean-Paul Bordes, directeur général de l’Acta et Yves Picquet, président de Phyteis

« Un positionnement spécifique et l'usage des technologies digitales maximisent la protection assurée par les biocontrôles. »

Yves Picquet Phyteis et Jean-Paul Bordes Acta (1)

Avec le lancement de l’Association du biocontrôle, de la biostimulation pour l’agroécologie (ABBA) fin 2023, un nouvel élan est donné au biocontrôle. En effet, il faut casser le plafond de verre, créer les conditions agronomiques et sociologiques de son déploiement. Membres de cette association dont la présidence revient à l’Inrae, l’Acta et Phyteis s’engagent dans une approche plus holistique de la protection des cultures.

Sur quel aspect faut-il insister pour déployer davantage le biocontrôle ? Quelles sont les attentes de la nouvelle génération d’agriculteurs ? Réponses avec Jean-Paul Bordes, directeur général de l’Acta (à droite) et Yves Picquet, président de Phyteis.

 

L’Acta est membre de l’association ABBA dédiée au biocontrôle et à la biostimulation. Quelle va être votre contribution ?

Jean-Paul Bordes : Pour nous, institut technique, le biocontrôle est l’une des voies pour concevoir l’avenir de la protection des plantes. Nous l’envisageons comme un investissement sur le long terme. De fait, être présent dans cette association s’avère très important. L’Acta peut jouer deux rôles : décisionnaire, en siégeant au conseil d’administration et en intégrant le bureau ; catalyseur, en apportant la mobilisation des instituts. Nous sommes une voie de transmission entre la recherche fondamentale et le terrain. Aussi, nous collaborons avec les acteurs privés pour évaluer et mettre au point les innovations.

 

Phyteis adhère également à ABBA. Quelles sont vos motivations et votre rôle ?

Yves Picquet : Le biocontrôle constitue une partie importante de l’approche combinatoire de la protection des cultures. D’ailleurs, un des piliers stratégiques de notre feuille de route se destine à la bioprotection. En tant qu’organisation professionnelle de ce secteur, notre engagement est évident. De plus, nous souhaitons mettre en relation nos différents membres avec ceux d’ABBA. Certains de nos adhérents sont directement parties prenantes. Enfin, nous envisageons notre participation dans la continuité de celle que nous avions dans le consortium du biocontrôle.

 

Le consortium biocontrôle cède effectivement sa place à ABBA. Quels enseignements en tirez-vous au bout de 8 ans ?

Jean-Paul Bordes : Des points positifs se dégagent du consortium : apprendre à travailler ensemble ou encore associer recherche publique et privée. Conséquence, les colloques et les échanges s’imposent comme une courroie de transmission des savoirs. Rassembler les différents acteurs autour d’une table apporte du sens. Trop souvent, on oublie la force du collectif. Aussi, ce volet animation va être l’une des forces d’ABBA.

Comme l’application des produits de biocontrôle dépend des conditions locales, l’aspect expérimentation joue aussi un rôle très important. Déjà, ces produits s’emploient mieux depuis l’élaboration de méthodes spécifiques. Intervenir en préventif en s’appuyant sur les Outils d’aide à la décision (OAD) est un exemple. Ce raisonnement, récent, émerge bien des travaux du consortium.

Yves Picquet : Effectivement, avec les produits de biocontrôle, le paramètre terroir devient fondamental. Ces produits contrôlent un bioagresseur. Toutefois, un aspect clé de leur efficacité repose sur les bonnes conditions d’application. D’où la nécessité de les faire tester par les instituts techniques, la distribution agricole, les chambres d’agriculture dans un maximum de situations. Dans ce cadre, l’approche en réseau et l’intelligence collective priment.

 

Quel élan doit apporter le grand défi du biocontrôle et de la biostimulation porté par ABBA ?

Yves Picquet : Le premier objectif est de faire éclater le plafond de verre. L’offre de solutions concerne surtout le maraîchage, l’arboriculture et la vigne. D’où l’intérêt d’accueillir différents acteurs afin de donner un nouvel élan. Contrairement aux produits conventionnels, le champ des possibles apparaît infini avec le biocontrôle. Il concerne des macro ou micro-organismes, les kairomones, les phéromones, les algues, les extraits de plantes, de minéraux… Cette ouverture pluridisciplinaire correspond tout à fait à notre approche combinatoire de la protection des cultures. Elle représente notre raison d’être. En effet, nous nous adressons à toutes les agricultures. Aussi, la transition agricole participe à notre volonté d’optimisation des usages et de diminution des impacts de la production.

Jean-Paul Bordes : L’élan va venir de la complémentarité entre les acteurs. Soulignons aussi la forte mobilisation. Réunir en six mois 96 adhérents d’horizons divers reste une prouesse. Elle témoigne du fort intérêt de l’ensemble de la chaîne agricole. De plus, en allouant plus de 40 M€, les pouvoirs publics actent l’enjeu clé du biocontrôle et de l’innovation. Cela est rare d’avoir autant d’acteurs publics et privés d’une telle envergure. Certains conçoivent des solutions alors que d’autres les évaluent. Collectivement, nous allons tester une approche holistique de la protection des cultures et non une approche ciblée par produit. On peut considérer que nous ne sommes qu’au début d’un long chapitre dont l’essentiel reste à écrire.

 Désormais, avec l’association ABBA et les projets qu’elle porte, nous rentrons dans une conception plus collective de l’agroécologie. Les connaissances s’approfondissent dans le cadre d’une approche holistique de la protection des cultures. C’est l’avenir. 

Jean-Paul Bordes, directeur de l’Acta

Sur quel aspect est-il nécessaire d’insister pour que les biosolutions soient le plus largement utilisées ?

Yves Picquet : Sans aucun doute, le déploiement ! Nous n’en sommes qu’au début. Les modes d’emploi sont tout juste appréhendés. Une fois qu’ils seront maîtrisés, nous aurons besoin d’une force considérable avec des intervenants proches des agriculteurs pour passer à la pratique. Cela prend du temps d’acculturer les conseillers et les agriculteurs sur ces nouveaux usages.

Jean-Paul Bordes : Je suis du même avis. Comme vous l’avez précisé, la protection des cultures s’appuie sur une combinaison de leviers. De fait, nous devons tester un nombre incroyable d’associations pour répondre aux objectifs agroécologiques et économiques. Nous en connaissons déjà quelques-unes mais tant reste à découvrir.

Yves Picquet : Aussi, le temps de la recherche et de l’évaluation réglementaire sont à mieux prendre compte. Précisons que de la découverte à l’autorisation de mise en marché, un produit requiert 10 à 15 ans. Là encore, du côté de l’innovation, nous sommes au début du déploiement.

 

Identifiez-vous des points de blocage ?

Jean-Paul Bordes : Je vois plutôt des points d’attention. Les solutions d’origine naturelle ont un effet majoritairement préventif. Aussi, la question qui se pose est : de quelle manière pouvons-nous les appliquer dans les meilleures conditions ? Souvent, il est nécessaire de croiser les rotations, les pratiques culturales en lien avec chaque condition climatique et de sol. Déployer le biocontrôle sans ces compléments techniques et agronomiques, revient à se priver d’une partie de ces solutions. Par ailleurs, si on ne connaît pas la dynamique des bioagresseurs grâce aux Outils d’aide à la décision, positionner efficacement le biocontrôle reste compliqué. Exemple avec les trichogrammes : ils doivent être lâchés dans les maïs avant la ponte des pyrales afin que les larves parasitent les œufs. Sans la connaissance des vols de pyrales, intervenir au bon moment reste difficile. De plus, tous les modèles intègrent les données météo. C’est aussi un moyen de mieux adapter les itinéraires au changement climatique. Un large éventail de solutions émerge et pas seulement en biocontrôle.

Yves Picquet : En effet, dans le futur, il n’est pas à exclure que des homologations soient délivrées avec l’utilisation d’OAD spécifiques. Cela est une très bonne chose pour sécuriser l’utilisation des biocontrôles. Leur acceptation dépend beaucoup de leur efficacité et de leur rentabilité. Par ailleurs, le digital aide à évaluer le rendement et la performance des itinéraires. Dans le cadre d’une approche globale, il faut aider les agriculteurs à gérer le risque de la transition. Sinon, personne ne change ses habitudes. C’est un point de vigilance. Tous, nous avons un travail à réaliser dans nos équipes. Nous devenons de fins techniciens.

Jean-Paul Bordes : Le transfert des connaissances s’avère fondamental. Le succès des colloques et des webinaires témoigne de l’envie d’apprendre. Nous disposons d’une force de frappe considérable avec le réseau des distributeurs et des chambres d’agriculture. C’est unique en Europe.

Yves Picquet : Cela est d’autant vrai que demain nous aurons de nouveaux profils d’agriculteurs. D’ailleurs, les programmes issus de France 2030 devraient accorder du budget aux chambres d’agriculture et à la distribution agricole. Ces deux catégories de structures interviennent au quotidien aux côtés des agriculteurs. Elles établissent une relation de confiance. En l’occurrence, le fait de séparer la vente du conseil s’avère contreproductif pour le biocontrôle et l’approche holistique. Le rapport du député Potier reconnaît cette faille.

En trente ans, nous n’avons jamais eu autant d’innovations qu’actuellement : biocontrôle, biostimulants, micro-nutriments, robotique… Le biocontrôle ouvre lui-même de grandes perspectives. Certains n’utilisent que 5 à 10 % de cette offre, d’autres 50 %. Le champ des possibles se révèle considérable. 

Yves Picquet, président de Phyteis

L’accord entre l’ACTA et l’Inrae sur la transition agroécologique vient d’être renforcé dans le cadre du Pacte de renouvellement des générations en agriculture. Qu’implique-t-il concrètement ?

Jean-Paul Bordes : Les pouvoirs publics veulent accompagner la formation de 50 000 acteurs du conseil d’ici à 3 ans. Tout évolue : le profil des agriculteurs, leur façon de travailler, les techniques, les biosolutions, les outils, les débouchés… La jeune génération va être baignée dans l’innovation. Aussi, les techniciens partent d’une feuille blanche. Parmi les grands changements attendus dans les fermes et qui engagent les conseillers : le recours aux jumeaux numériques. Le digital simule les évolutions des systèmes d’exploitation.

Donc, l’intelligence artificielle (IA) arrive à point nommé. Elle doit établir un système de dialogue entre l’agriculteur et ses hypothèses de travail. Aussi, avec la cellule Recherche innovation transfert (RIT) que nous pilotons avec l’Inrae et la Chambre d’Agriculture France, le projet est d’accélérer la prise en compte de ces outils. De plus, nous avons de grands programmes européens, là encore dans le numérique, dans lesquels nous sommes de plus en plus leader. D’après notre recensement, 130 OAD, simples ou complexes, sont disponibles en France pour piloter la protection des cultures.

Yves Picquet : Le quart de l’offre en OAD provient de nos adhérents. Par ailleurs, les leviers du déploiement manquent dans le projet Parsada (1) de la stratégie Écophyto 2030. La cellule RIT répond à cet objectif pour éviter une impasse technique en protection des cultures. Par exemple, les plantes de services telles que les colzas perturbent les méligèthes. Ou encore, des méthodes visant la réduction du cuivre, le désherbage durable… Certes, tout commence par les bonnes pratiques, et la promesse de rendement provient de la semence. Toutefois, seule une combinaison de solutions garantit le résultat. Cette recherche, agile, agrandit la boîte à outils des agriculteurs.

Y Picquet Phyteis - JP Bordes Acta @ Pluriel-Agri

Quelles sont les voies prometteuses en cours de recherche ?

Jean-Paul Bordes : L’écologie sensorielle est une des voies d’avenir. Le champ s’élargit actuellement. Ainsi, nous savons que des composés volatils présents dans le sol perturbent le taupin qui attaque les jeunes maïs. Je citerai aussi l’immunité végétale, les interactions entre les plantes et les microbiotes du sol ou des plantes, les insectes stériles…

Yves Picquet : Je confirme. Toutefois, avant de pouvoir les utiliser, nous partons pour 10 à 15 ans de recherche et de développement. Les entreprises telles que les nôtres travaillent avec des start-ups. C’est l’innovation ouverte.

 

Pourra-t-on demain protéger les cultures uniquement avec les biosolutions ?

Yves Picquet : Non, le but est de diminuer l’impact de la production tout en conservant une nourriture saine. On évoluera toujours en ce sens. De plus, en raison du réchauffement climatique, l’émergence de nouveaux bioagresseurs invite à plus d’agilité. Associées, toutes les technologies et innovations satisfont ces objectifs. Il faut arrêter d’opposer et plutôt composer !

Jean-Paul Bordes : Demain, la ligne de conduite résidera dans la combinaison de tout, y compris avec la phytopharmacie conventionnelle. C’est l’application du principe de la protection intégrée. Aussi, la boîte à outils doit être la plus large possible, au service d’une agriculture productive, rentable et écoresponsable.

(1)  Plan d’action stratégique pour l’anticipation du potentiel retrait européen des substances actives et le développement de techniques alternatives pour la protection des cultures.

La transition sécurisée avec le biocontrôle est progressive

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La clé d’une transition réussie avec les produits de biocontrôle consiste à les utiliser progressivement tout en se forgeant sa propre expérience. Explications avec Kevin Brunel, directeur du vignoble du Champagne Château Boursault et Guillaume Druart, responsable technique vigne chez De Sangosse.

« Graduellement, nous substituons la chimie par le biocontrôle, sans jamais la renier en cas d’année avec une forte pression de maladies ou d’insectes », telle est la stratégie adoptée par Kevin Brunel, directeur du vignoble du Champagne Château Boursault. L’introduction du premier biocontrôle remonte à près de 30 ans avec la confusion sexuelle. Toutefois, en rejoignant le réseau des fermes biosolutions de De Sangosse en 2020, le domaine s’ouvre davantage aux pratiques agroécologiques. « Le respect de l’environnement a toujours fait partie de la philosophie du Château Boursault, partage-t-il. Aussi, nous explorons toutes les solutions, mais sans compromettre la qualité de nos raisins ».

 

Champagne Château Boursault, adoption du biocontrôle en trois étapes

Outre les biostimulants qui renforcent la vigueur de la vigne, Kevin Brunel emploie notamment du phosphonate de potassium contre le mildiou et du bicarbonate de potassium adjuvanté ainsi que du soufre contre l’oïdium. La stratégie pour bien les utiliser ? Agir en trois étapes : « Ainsi, nous prenons confiance envers les produits et en même temps nous acquérons de l’expérience », partage-t-il. La différence par rapport aux itinéraires en protection conventionnelle ? « Cela demande de la facilité d’adaptation et de la réactivité en fonction de la météo et de la pression des bioagresseurs », explique Kevin Brunel.

La première année, l’itinéraire technique est expérimenté sur une micro-parcelle du vignoble. L’année suivante, il s’applique sur une partie des surfaces. Enfin, la troisième année, il se généralise. « Nous utilisons un maximum de ces produits en début ou fin de cycle, lorsque les risques sont un peu plus faibles », précise Kevin Brunel. En amont, l’intégration de différents leviers agronomiques minimise ce risque. Néanmoins, le directeur du vignoble du Champagne Château Boursault souligne le rôle clé de la station météo et de la modélisation pour bien les positionner. S’ajoute la qualité de la pulvérisation avec les adjuvants pour une efficacité optimum.

Programmes avec le biocontrôle, nécessaire accompagnement

Pour réussir la transition agroécologique, l’accompagnement est indispensable. Guillaume Druart, responsable technique vigne chez De Sangosse intervient auprès de Kevin Brunel dans le cadre du réseau des cinq fermes biosolutions que pilote son entreprise. Ensemble, ils adaptent les itinéraires de protection de la vigne tout en gardant à l’esprit le volet économique. « Kevin a toujours le dernier mot »,  indique-t-il.

Quels sont les résultats obtenus ? « Sur quatre années d’essais, l’introduction du biocontrôle a fait baisser de 20 à 25 % l’utilisation des produits de chimie conventionnelle pour un résultat identique, révèle-t-il. Ajoutant que dans le réseau des fermes biosolutions, « on ne trouve pas deux programmes qui se ressemblent ! ». En effet, les solutions sont personnalisables en fonction des objectifs de chaque exploitation. Par ailleurs, il faut évaluer les bénéfices à moyen terme. « Une année difficile est toujours riche d’enseignements », conclut-il.

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L’organisation du temps de travail est un point essentiel en viticulture, surtout avec la pénurie de main d’œuvre. Aussi, la pose des diffuseurs de phéromones contre l’eudémis et la cochylis doit être rapide.

L’Anses examine les particularités des produits de biocontrôle. Décryptage avec Charlotte Grastilleur, directrice générale déléguée

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L’évaluation de l’efficacité des produits de biocontrôle et de ceux autorisés en agriculture biologique est aussi rigoureuse que celle menée sur les produits phytopharmaceutiques conventionnels. Comment procède l’Anses ? Quel est le profil des candidats ces dernières années ? Où se trouve l’innovation ? Entretien avec Charlotte Grastilleur, directrice générale déléguée chargée de la coordination du pôle « produits réglementés » de l’Anses.

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L'Anses prend en compte la variabilité sur l’efficacité intrinsèque des produits de biocontrôle.

Charlotte Grastilleur, directrice générale déléguée de l'Anses

Comment l’Anses évalue-t-elle l’efficacité agronomique des produits de biocontrôle ou de ceux utilisables en agriculture biologique ?

L’Anses ne réalise pas d’évaluation spécifique aux produits utilisables en agriculture biologique et en agriculture biologique amateur. En effet, les exigences pour évaluer l’efficacité agronomique des produits conventionnels ou de biocontrôle sont décrites dans le règlement (CE) N°1107/2009 et les règlements d’exécution qui s’y rapportent. Ces règlements européens concernent tous les produits phytopharmaceutiques, sans distinction liée au biocontrôle.

Dans son évaluation, l’Anses se fonde sur les recommandations de la série de standards « PP 1 Efficacy evaluation of plant protection products ». Publiés par l’Organisation européenne et méditerranéenne pour la protection des plantes (OEPP), ils se divisent en deux catégories. D’une part, des standards généraux établissent des recommandations générales en matière d’expérimentation. Elles portent notamment sur le dispositif expérimental, la synthèse, le nombre d’essais, l’analyse du risque de résistance… D’autre part, des standards spécifiques établissent des recommandations propres aux bioagresseurs, à l’instar des dispositifs expérimentaux, des notations, etc.

 

Le terme biocontrôle n’est pas défini au niveau européen. Existe-t-il des standards spécifiques d’évaluation ?

Si, effectivement, le terme « biocontrôle » ne fait actuellement pas l’objet d’une définition au niveau européen, plusieurs standards généraux concernent plus spécifiquement les produits de biocontrôle. Ainsi, le standard PP 1/276, s’applique pour les produits à base de micro-organismes. Le standard PP 1/296 est relatif aux produits dits « low-risk ». Enfin, le standard PP 1/319 s’adresse aux produits avec un mode d’action de type stimulateur de défenses des plantes. En particulier, le standard PP 1/296 assouplit les recommandations par rapport aux produits dits « conventionnels ».

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L’étude du niveau d’efficacité des produits de biocontrôle sur un bioagresseur se fonde sur plusieurs essais agronomiques.

Quels sont les niveaux d’efficacité attendus et par rapport à quelles références ?

Quel que soit le type de produit, tant au niveau européen qu’au niveau français, aucun seuil général d’efficacité n’est défini. Les niveaux d’efficacité s’apprécient usage par usage. Un usage se caractérise par le triptyque culture/type d’application/bioagresseur. De plus, cette efficacité par usage s’appréhende selon l’effet recherché. Exemple : effet curatif, maintien sous un seuil de nuisibilité, blocage d’un effet vecteur…

Dans tous les cas, l’étude du niveau d’efficacité sur un bioagresseur se fonde sur plusieurs essais agronomiques. Pour beaucoup de produits de biocontrôle, une plus grande variabilité s’observe en fonction du mode d’action ou de la nature de la substance active. Par ailleurs, des niveaux d’efficacité moindres que pour les produits conventionnels sont relevés. Cette différence s’explique souvent par la nature et les propriétés de ces substances. En effet, elles peuvent présenter une plus grande sensibilité aux facteurs environnementaux et une moindre rémanence. Ces substances ne possèdent pas de propriétés systémiques. Dès lors, l’Anses prend en compte la variabilité dans son analyse sur le niveau d’efficacité intrinsèque de ces produits.

 

Des produits de biocontrôle ou utilisables en agriculture biologique sont-ils écartés pour des raisons agronomiques ?

Entre 2018 et 2023, l’Anses a émis des décisions pour 309 demandes de nouvelles Autorisations de mises sur le marché (AMM) ou d’extensions d’usages pour des produits de biocontrôle pour un total de 3 183 usages. 51 de ces 309 demandes ont eu au moins un usage refusé. Les raisons sont liées à une efficacité insuffisante, un manque de sélectivité ou parce que les données étaient insuffiantes pour évaluer l’efficacité et la sélectivité du produit.

Tous ces refus concernaient des produits fongicides.

 

Observez-vous une meilleure efficacité des produits de biocontrôle qui ont fait l’objet d’une demande d’AMM au cours des dix dernières années ?

Difficile de répondre précisément car nous n’avons pas vraiment de données comparatives entre les dossiers au cours des années. Une meilleure efficacité des produits de biocontrôle dépend aussi a priori d’une plus grande attention dans la mise en pratique de ces produits avec un meilleur  positionnement par rapport aux bioagresseurs ou aux conditions environnementales, de façon à identifier les conditions optimales d’utilisation de ces produits.

Par ailleurs, ces produits peuvent exprimer leur réel potentiel quand ils sont inclus dans un programme de protection comprenant d’autres méthodes de lutte. Des recherches doivent être poursuivies dans ce sens avec des itinéraires de traitement des cultures tracés pour les utilisateurs, sous forme de conseil indépendant. En effet, l’utilisation, même répétée, d’un seul et même traitement de biocontrôle ne suffit souvent pas à obtenir l’efficacité de lutte attendue. Ainsi, les produits de biocontrôle apparaissent comme des outils complémentaires aux mesures agronomiques et aux traitements conventionnels. Ils en diminuent le nombre d’applications ou la dose pratique d’utilisation ou s’emploient en première intention.

Des programmes de protection mariant l’ensemble des techniques de lutte existantes, dont les produits de biocontrôle, et utilisant aussi de nouveaux Outils d’aide à la décision se révèlent donc nécessaires. Toutefois, ils sont hors du champ des activités de l’Anses.

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Les stations météo installées au plus près des cultures améliorent la précision des Outils d’aide à la décision. Ces derniers s’utilisent pour mieux positionner les produits de biocontrôle en modélisant l’évolution des bioagresseurs.

Comment percevez-vous les innovations ?

S’agissant des produits à base de micro-organismes, nous avons vu l’arrivée de solutions contre de nouvelles espèces sur de nouveaux usages. Exemple : le lépidoptère Spodoptera littoralis nucleopolyhedrovirus en cultures légumières et cultures ornementales. Des dossiers concernent aussi des solutions déjà commercialisées mais avec des demandes sur de nouveaux usages. Néanmoins, une grande part de l’innovation réside dans la multiplication des souches pour une même espèce de micro-organismes.

Pour les phéromones, l’innovation répond à la diversité des bioagresseurs ciblés et des modes d’application des phéromones. Ces évolutions facilitent sans doute le développement de la pratique de la confusion sexuelle. Les phéromones permettent de se passer d’une partie des applications insecticides. En fonction du contexte de la parcelle agricole traitée, elles peuvent offrir un niveau d’efficacité très intéressant.

Pour les stimulateurs des défenses des plantes relevant du biocontrôle, les nouvelles molécules restent rares. Cela peut, entre autres, s’expliquer par la difficulté d’utilisation de telles molécules. Elles sont très sensibles aux conditions « environnementales » et à l’état physiologique de la culture.

Enfin, s’agissant de substances naturelles à action directe, de nouveaux usages se développent, comme les phosphonates de potassium. Initialement, ils sont disponibles sur vigne. Leur usage s’élargit à la septoriose des céréales, au mildiou de la pomme de terre et à la tavelure du pommier. L’innovation semble moindre sur le volet biocontrôle des adventices.

 

Un plus grand nombre de dossiers de produits de biocontrôle et UAB est-il déposé ces dernières années ?

La première liste des produits de biocontrôle publiée le 1er avril 2015 par la DGAL comportait 246 produits. Hors seconds noms commerciaux, celle publiée le 23 juin 2023 inclut 503 produits.

En termes de nombre de nouvelles AMM, on relève une certaine stabilité entre 2018 et 2023. Si 24 AMM ont été délivrées en 2018 et 26 en 2023, nous notons un pic à 38 en 2020. Reste à apprécier si une trajectoire haussière se dessine.

Le guide des intrants pour la production biologique publié le 7 décembre 2016 par l’INAO comportait 251 produits. Au 23 janvier 2024, hors seconds noms commerciaux, 399 produits autorisés disposent de la mention « Utilisable en agriculture biologique » et 75 produits autorisés possèdent la mention « Production biologique amateur ».

Le réseau Étamines crée un patrimoine de références pour déployer le biocontrôle

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Crédit : Actura

En tant que fournisseur des agriculteurs, le groupement de négociants et coopératives agricoles Actura consolide ses connaissances agronomiques sur les biosolutions. Il s’appuie sur son réseau de fermes Étamines. Systématiquement menées dans le cadre d’une approche combinatoire, les expérimentations acculturent tout un écosystème sur le fonctionnement de ces produits. Ce qui les fait monter en puissance et évoluer en grandes cultures.

 

Avant de commercialiser un produit de biocontrôle, le terrain aura toujours le dernier mot. Pour un distributeur agricole, il ne s’agit pas de donner un « go » de principe, mais bien un « go » certifié. Certifié signifiant efficace et rentable dans le cadre de conditions d’emploi maîtrisées. En effet, derrière l’inscription à son catalogue, un biocontrôle nécessite aussi un accompagnement par les équipes techniques. Principalement préventif, il s’emploie rarement seul. De plus, les conditions agronomiques et pédologiques de chaque territoire ajoutent de la variabilité dans sa réponse. Le mode d’emploi s’affine en conséquence.

 

Le réseau Étamines d’Actura acte un déploiement du biocontrôle en grandes cultures

Le réseau expérimental Étamines créé en 2017 par les 140 membres d’Actura illustre parfaitement cette mission d’un nécessaire dernier réglage. En complément de ses propres sites d’expérimentation, Étamines rassemble onze fermes. Elles représentent les principaux bassins de production en France et sept sont en grandes cultures. « Tout ce qui est produits de biocontrôle et biostimulants se révèle un axe stratégique, partage Vincent Benoist, directeur de la communication du groupe Actura. Étamines est l’outil agronomique au service de la stratégie d’innovation du réseau. D’ailleurs, depuis le lancement de notre plan à horizon 2030, nous œuvrons sur le déploiement du concept  SDCE. Il signifie solutions de déplafonnement et/ou de contribution environnementale. De fait, il intègre les biostimulants, le biocontrôle et les anticarentiels. »

Si toutes les productions végétales sont concernées, comment s’opère le déploiement en grandes cultures ? « Nous ne sommes plus dans l’attentisme, mais bien sur une montée en puissance, relève Philippe Camus, chef marché biosolutions et nutrition des plantes chez Actura. Les agriculteurs sont majoritairement demandeurs. Sur des problématiques annuelles, telles que les maladies et les insectes, cela peut même aller encore plus vite. »

 

Le réseau Étamines travaille l’innovation dans sa dimension combinatoire

Pour accélérer, depuis l’été 2023, les équipes d’Étamines interviennent en deux temps. Les traditionnels essais d’efficacité valident en quelque sorte le droit d’entrée. « Si on veut pérenniser le biocontrôle, il faut assurer un retour sur investissement avec des solutions viables, performantes et simples d’emploi, complète Philippe Camus. Ensuite, les produits intègrent les programmes innovation et déploiement. » Ces derniers se mènent dans le cadre « d’essais systèmes », actés en 2020. Ainsi, ils combinent les variétés, la protection des plantes, la fertilisation et les biosolutions. « Les produits phytosanitaires fonctionnent vraiment sur le principe On/Off, souligne Philippe Camus. Avec les produits de biocontrôle et les biostimulants, la réponse n’est pas unique. Désormais, nous jouons sur une combinaison de plusieurs solutions. Nos techniciens doivent tous être capables d’expliquer cette nouvelle approche. » À savoir, déplacer le curseur au bon endroit.

 

Répondre aux impasses techniques

Quant au choix du biocontrôle à tester, il s’aborde sous l’angle d’une problématique. Par exemple, lorsqu’une impasse technique ou un objectif de baisse d’IFT(1) sont identifiés. « Auparavant, l’expérimentation se menait par thématique ; désormais, elle répond à un besoin concret », ajoute Vincent Benoist. Après, les équipes consultent la bibliographie et sollicitent l’avis des instituts techniques. « Ensemble, nous identifions une technologie qui pourrait résoudre le problème posé, mentionne Philippe Camus. Avec les fournisseurs concernés, nous mettons en place les essais sur les fermes. Ce qui compte, c’est la façon dont nous utilisons le produit sur de grandes parcelles. »

En 2024, le réseau Étamines renforce ses essais de déploiement du biocontrôle

Parmi les enseignements de ces essais : le paramètre « incertitude liée au vivant ». « Nous avons des cas d’échec ou de réussite qu’on ne sait pas toujours expliquer. Ceci malgré les mêmes conditions d’application et de terrain », témoigne Philippe Camus. Pour accélérer, le réseau va renforcer son axe « déploiement » avec une approche encore plus régionale, par bassin pédoclimatique et plus globale au niveau des itinéraires. « Le but étant toujours de rassurer nos équipes terrain, rappelle-t-il. En effet, nous observons plus d’attention sur ces questions du biocontrôle dans le cadre de l’approche combinatoire de la protection des cultures ».

Exemple d’essais combinatoires avec les produits de biocontrôle en grandes cultures menés par le réseau Étamines

Dans le cadre du Plan d’action de sortie du phosmet Adaptacol2, Actura est partenaire de Terres Inovia pour mener des essais en colza contre les altises et les méligèthes. « Dans ce projet travaillé avec Étamines, nous allions la génétique, les conduites culturales, les produits à disposition, voire le système à l’échelle de l’exploitation, indique Philippe Camus. Nous avons également effectué des essais en blé basés sur des bactéries fixatrices d’azote. Ils combinent cette biosolution et différents itinéraires culturaux. »

(1) IFT : Indicateur de fréquence de traitement

Plus 30 % d’hectares déployés gagnés en deux ans en céréales !

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Crédit : Philippe Montigny

L’emploi de fongicides de biocontrôle en céréales deviendrait-il systémique ? Les produits sont reconnus efficaces et l’offre se structure. La baisse de l’Indicateur de fréquence de traitement n’est plus le principal critère de choix.

 

Bientôt le million ! La part des hectares déployés en céréales recevant au moins un biocontrôle progresse. En 2021, selon le panel ADquation, elle représente 744 756 ha. En 2023, elle gagne presque un tiers de la surface pour atteindre 977 507 ha. La majorité des hectares déployés concernent les fongicides composés de soufre, phosphonate de potassium et de laminarine ainsi que les antilimaces.

Autres indicateurs, ceux donnés par Christophe Jounaux du cabinet européen Kynetec lors des 10es Rencontres du biocontrôle organisées par IBMA France le 16 janvier au Sival. Le taux de pénétration en grandes cultures est de 40 %. Cela signifie que presque un agriculteur sur deux en utilise au moins une fois en 2023. Toutefois, un bémol s’applique sur le taux de concentration. Il renseigne sur la part des utilisations du biocontrôle dans les programmes de protection des cultures. Dans ce cas, il se situe à 4 %. Ce faible niveau s’explique par le manque d’alternatives aux herbicides.

 

Biocontrôle en céréales, l’efficacité fait levier

Comment expliquer la progression des hectares déployés en deux ans ? Certes, l’offre se structure, avec l’arrivée des phosphonates en 2022 sur le segment fongicide. Ces solutions s’ajoutent à la laminarine et au soufre. Néanmoins, le premier point d’entrée reste l’efficacité. La baisse de l’IFT (1) n’est plus le seul argument mis en avant par les agriculteurs. « Dans la mesure où ces alternatives garantissent la performance, elles constituent un argument de choix pour valoriser nos productions en filières contractualisées », explique Denis Ferrière, agriculteur dans l’Eure-et-Loir. De plus, il estime que cette ouverture est concomitante avec un ralentissement de la mise en marché des produits phytosanitaires. Lequel est dû aux conditions d’homologation plus contraignantes.

Plaine de grandes cultures au printemps, avec un damier de coule

La transition en grandes cultures avec le biocontrôle a vraiment commencé au début des années 2010.

Crédit : Nadège Petit

Changement de pratiques acté pour utiliser les produits de biocontrôle en céréales

Au fil des progrès technologiques, la liste des critères favorisant l’adoption du biocontrôle en céréales s’allonge. L’amélioration variétale avec une généralisation des blés tolérants à la septoriose, ainsi que les stations météo installées au cœur des exploitations agricoles entrent en ligne de compte. Surtout, la bioprotection se justifie de plus en plus face au changement climatique et au développement des résistances de pathogènes aux fongicides. En revanche, l’emploi des produits de biocontrôle en céréales amène à un changement de paradigme. Pour Maxime Luneau, chef de marché grandes cultures chez UPL, la transition en grandes cultures a vraiment commencé au début des années 2010. « J’ai connu l’arrivée de la laminarine, se remémore-t-il. En dix ans, j’ai vraiment vu les changements d’approche de la prescription et des agriculteurs. » Auparavant, un agriculteur et son technicien construisaient un programme conventionnel. Puis, si possible, ils positionnaient la laminarine pour réduire l’IFT avec une demi-dose. « Dans ce cas, difficile de percevoir systématiquement l’efficacité spécifique du biocontrôle, ajoute-t-il. Toutefois, avec les essais, y compris ceux d’Arvalis menés sur du blé contre la septoriose, les biocontrôles apportent, selon les produits et la pression maladie, des gains de 3 à 6 quintaux ! » Pour lui, « tout le monde devrait faire un traitement préventif avec une solution de biocontrôle plutôt qu’une impasse. Et ne traiter uniquement une fois la maladie installée. L’avantage est double : gagner des quintaux et préserver l’efficacité des fongicides tels que les SDHI ».

 

Les produits de biocontrôle en céréales s’associent de plus en plus aux biostimulants

En outre, Maxime Luneau relève le rôle des formations, dispensées avec les techniciens et agriculteurs pour gagner en expertise sur les biosolutions. De plus, ces séances servent à expliquer qui des biocontrôles et des biostimulants, protègent ou nourrissent !

Désormais, l’itinéraire technique s’élabore par le prisme des biosolutions. Celles-ci incluent aussi les biostimulants. « Une plante en bon état physiologique est moins sensible au pathogène, complète Maxime Luneau. Après, dès le stade épis 1 cm, le biocontrôle s’en occupe ! » Si besoin, le produit conventionnel le complète !

Damien Laurent, céréalier en Haute-Loire avec une exploitation certifiée HVE (2) depuis 2020, confirme. « L’idée est de trouver la combinaison de biosolutions adaptée à son système de culture. En ce qui me concerne, je sécurise la production avec deux traitements équivalant à seulement 1 ou 1,5 IFT selon les parcelles », ajoute-t-il. Pour lui, cette combinaison réside dans un premier passage associant un biocontrôle (soufre) et un biostimulant (GoActiv). Ensuite, il réalise un second passage avec un fongicide conventionnel à dose réduite.

(1) Indicateur de fréquence de traitement

(2) Haute valeur environnementale

Recherches publique et privée rassemblées dans le Plan d’action de sortie du phosmet : puissant accélérateur pour le biocontrôle

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Crédit : Terres Inovia

Actuellement à mi-parcours, le Plan d’action de sortie du phosmet doit identifier et déployer des stratégies efficaces de gestion des ravageurs d’automne du colza. Trop tôt pour obtenir des résultats. Cependant, la méthode collaborative se révèle efficace, notamment pour élaborer des solutions biocontrôles prometteuses.

Laurine Brillault Terres Inovia

L’enjeu consiste à faire travailler ensemble les 25 partenaires impliqués dans les projets de recherche.

Laurine Brillault, animatrice du Plan d’action de sortie du phosmet et chargée de projets au sein de Terres Inovia.

Le Plan d’action de sortie du phosmet, lancé en 2022, illustre la capacité des acteurs agricoles à faire face à une impasse technique. En effet, cette substance active était la dernière solution chimique disponible pour protéger les colzas des attaques de grosses altises dans les zones où les insecticides pyréthrinoïdes s’avèrent inefficaces. La problématique s’étend à d’autres ravageurs tels que les méligèthes et le charançon du bourgeon terminal. Aussi, la recherche a trois ans pour trouver des solutions. Finalement, un délai qui s’avère relativement court. « Notre objectif premier est bien d’identifier et d’accélérer le déploiement de solutions alternatives, partage Laurine Brillault, animatrice du Plan d’action de sortie du phosmet et chargée de projets au sein de Terres Inovia. L’enjeu consiste à faire travailler ensemble les 25 partenaires impliqués dans les projets de recherche. Près d’une centaine d’acteurs régionaux expérimentent aux champs les solutions les plus prometteuses. Nous agissons simultanément sur deux volets : la recherche et le développement. »

 

Le Plan d’action de sortie du phosmet connecte un écosystème de recherche publique et privée

Côté recherche, le Plan d’action de sortie du phosmet finance huit projets complémentaires. Quatre sont dédiés aux biosolutions. Des entreprises de protection des cultures en pilotent trois d’entre eux. Il s’agit de BASF Agro avec Velco-A (champignon entomopathogène), Certis-Belchim avec Nap-Gard (outils technologies associés à un biocontrôle) et De Sangosse avec Colzactise (produit dissuasif). L’Inrae, Terres Inovia et Agriodor mènent Ctrl-Alt. Il concerne l’utilisation de plantes de service et de produits de biocontrôle pour influer sur le comportement des grosses altises.

Toujours en collaboration avec Terres Inovia ainsi que l’entreprise de recherche Innolea, l’Inrae coordonne le projet Resalt. Il fournit des ressources pour la construction de variétés résistantes à l’altise. Dix semenciers obtenteurs s’impliquent : BASF, Bayer, Corteva, DSV, KWS, Lidea, Limagrain, Mas Seeds, NPZ et RAGT. De plus, pour bien outiller ces programmes en grosses altises, des élevages ont été créés ou optimisés. C’est notamment la mission du dispositif Lego.

 

Le verdict du terrain, autre bras armé du Plan d’action de sortie du phosmet

Nommé Adaptacol², un autre projet est dédié aux tests et au déploiement des solutions sur le terrain. Les produits de biocontrôle et des biostimulants en font partie. Il est le relais de transmission vers le terrain de ces solutions. Aux manettes : Terres Inovia. Parmi les acteurs : le réseau de négociants et coopératives Actura et la coopérative Axereal (28). De fait, ces structures embarquent leurs équipes techniques dans des essais et des actions de communication concertées.

Globalement, six comités fédèrent les 90 acteurs régionaux qui expérimentent les solutions identifiées, seules ou combinées. En 2023, ces acteurs de la distribution, du conseil et de l’enseignement agricole, ainsi que Terres Inovia, ont mené 150 essais. « C’est encore trop tôt pour communiquer sur de nouveaux leviers efficaces, prévient Laurine Brillault. D’ores et déjà, pour 2024, Adaptacol² suspend l’évaluation des biostimulants sur la dynamique de croissance du colza et la nuisibilité des ravageurs d’automne. Les produits testés n’ont pas montré d’effets significatifs en conditions de terrain. A contrario, d’autres se renforcent et tendent à tirer leur épingle du jeu. »

Par ailleurs, une réunion annuelle animée par Terres Inovia sert à partager les résultats à l’échelle globale du Plan. « La dernière s’est déroulée fin 2023 avec une trentaine de partenaires, témoigne Laurine Brillault. Ils ont échangé sur les leviers disponibles à court, moyen et long termes. »

Initialement retenus dans l’appel à projets du ministère de l’Agriculture, Velco-A, Nap-Gard et Ctrl-Alt, ont postulé pour une année supplémentaire. En 2024, ils poursuivent leurs travaux avec un financement du Fonds d’actions stratégiques pour les oléagineux et protéagineux (FASO) confié en gestion à Sofiprotéol.

 

Appel à projets du Plan d’action de sortie du phosmet ouvert chaque année jusqu’en 2025

La mécanique financière se veut agile. « Tous les ans, nous lançons un appel à projets, ajoute l’animatrice. La filière des oléagineux et protéagineux via Sofiprotéol abonde l’enveloppe de 2,5 M€ du ministère de l’Agriculture. Elle mobilise 200 M€ par an à partir du fonds FASO. Ainsi, nous continuons à soutenir les projets existants, sans nous priver d’en inclure de nouveaux. » La stratégie ? Se donner toutes les chances pour réussir en peu de temps !

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Le Plan d’action de sortie du phosmet test des stratégies alternatives pour contrôler les grosses altises du colza.

Crédit : Terres Inovia

Trois projets biocontrôle du Plan d’action de sortie du phosmet portés par des entreprises de protection des cultures

Velco-A par BASF en partenariat avec l’Inrae. Ce projet cherche à déterminer les conditions de croissance et de colonisation d’un champignon entomopathogène pour lutter contre les altises. Différentes expérimentations ont été menées en laboratoires et aux champs. De premiers résultats sont prometteurs sur la réduction des populations d’altises. Aussi, les tests aux champs se poursuivent sur la campagne 2023/2024.

Nap-Gard par Certis Belchim, en partenariat avec Alvie, Hiphen, Advansee, la chambre d’agriculture de Normandie. Un acide gras naturel vise les grosses altises. En complément de l’évaluation du produit, le projet doit optimiser son efficacité avec un positionnement optimum grâce à un ensemble d’outils technologiques. Ainsi, des analyses satellitaires mesurent la biomasse du colza et ciblent les observations de l’agriculteur. Placés dans les parcelles, des pièges connectés déterminent l’arrivée de l’insecte sur la parcelle. D’autres relèvent les conditions météo pour optimiser la période d’application.

Colzactise par De Sangosse, en partenariat avec l’Inrae. Il doit formuler un produit aux propriétés dissuasives. L’objectif ? Détourner les grosses altises du colza. Toutefois, le projet a commencé en avril 2023. L’acquisition de références au laboratoire est en cours, et les premiers tests aux champs s’effectueront en 2025.

Portfolio, le biocontrôle se déploie

Majoritairement employés en préventif, les produits de biocontrôle s’insèrent de plus en plus dans les itinéraires de protection des cultures, seuls ou associés. Avec des preuves d’efficacité, ils contribuent à l’obtention de la certification Haute valeur environnementale, notamment en vigne. Leur positionnement optimum nécessite le recours au numérique .

Photo Philippe Montigny
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Photo Philippe Montigny
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Entendu, Lu !

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82 M€, tel est le montant des ventes de produits de biocontrôle réalisées par les adhérents de Phyteis en 2023. Celles des biostimulants homologués MFSC sont estimées à 28 M€.

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Dynamisme de l’innovation dans les technologies de précision

239 publications internationales sur les technologies de précision ont été publiées en 10 ans ! Elles ont été recensées par des universitaires (de Grèce, Chine et Espagne) et des auteurs du Joint Research Center (JRC). Il s’agit de l’organisme de recherche de la Commission européenne. Ainsi, la méta-analyse est consultable dans la revue à comité de lecture Smart Agricultural Technology. De plus, près de 75 % des articles ont été publiés après 2017. Cet indicateur témoigne du très fort dynamisme de la recherche. Il souligne le rôle central que jouent ces technologiques dans la réduction des risques et l’utilisation des produits phytosanitaires.

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« Diminuer les impacts de nos produits est un objectif sur lequel nous travaillons sans relâche depuis des années. Chez Phyteis, nous considérons qu’une harmonisation des indicateurs du Plan Ecophyto autour de la réduction des impacts liés à la production agricole, comme le préconise l’Union européenne, serait de nature à faire converger les enjeux de préservation de la santé et des écosystèmes, d’adaptation au changement climatique et de souveraineté alimentaire.

Cela implique un changement de méthode centré sur la co-construction et l’incitation plutôt que l’obligation punitive, et la prise en compte de la parole de tous les acteurs de la chaîne de valeur agricole, dont la protection des cultures est un maillon incontournable », Yves Picquet, président de Phyteis, lors de la conférence de presse du 8 février à Paris.

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Annoncé sur le Sival organisé à Angers du 16 au 18 janvier, le lancement en février par la start-up SynDev de son Outil d’aide à la décision (OAD) SynApps. Fondée sur l’intelligence artificielle, l’application permet de positionner au bon moment les biosolutions selon les conditions à la parcelle. En effet, l’algorithme s’appuie sur 70 critères agronomiques en temps réel et sur plus 800 références techniques. Il intègre la base de données des biosolutions autorisées.

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Baisse structurelle des ventes de produits phytopharmaceutiques

64 898 tonnes de matières actives sont commercialisées en 2022 par les dix-huit adhérents de Phyteis contre 55 400 tonnes en 2021. La hausse de 17 % observée par rapport à 2021 se révèle une progression en trompe-l’œil. Depuis plus de 20 ans, le secteur observe une baisse structurelle du volume vendu à la distribution agricole. Aussi, cet indicateur quantitatif recule de 17,4 % depuis 2008, année de lancement du plan Écophyto. La réduction est de 46 % depuis 1999. Les substances Utilisables en agriculture biologique (UAB) représentent plus du tiers des volumes de matières actives vendues à la distribution agricole (37 %) en 2022. Aussi, ces « UAB » comptent pour près de la moitié de la hausse des volumes vendus entre 2021 et 2022. Indicateur révélateur de la transition agroécologique à l’œuvre : les ventes de ces produits utilisables en agriculture biologique enregistrées en 2022 augmentent de 54 % par rapport à 2020.

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Hausse des actions CEPP en 2022

Le dispositif des CEPP, les certificats d’économie de produits phytosanitaires, progresse de presque 20 points en 2022.

En effet, le bilan publié le 25 janvier par le ministère de l’Agriculture révèle une couverture des obligations de 49 % contre 30,6 % en 2021. Cette hausse provient surtout de l’action « diversification des cultures ». Ensuite, le biocontrôle et les variétés résistantes sont les plus plébiscitées.

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« Des marchands de rêve dans les cours de ferme, il y en a beaucoup. Encore faut-il valider scientifiquement les choses ». De l’avis de Christian Durlin, qui préside la commission environnement à la FNSEA, la question des alternatives aux produits phytopharmaceutiques ne cesse de poser d’épineux problèmes dans les exploitations agricoles. Si les fabricants, agriculteurs, coopératives ou pouvoirs publics travaillent depuis des années à trouver des pratiques et des produits pour se substituer aux molécules de synthèse, le principe de réalité resurgit régulièrement.(…)

Le Figaro.fr – Olivia Détroyat

Faits marquants

Retrouvez l'actualité des adhérents de Phyteis en France, de novembre 2023 à février 2024 : salons, partenariats dans le digital, easyconnect.

Février

Syngenta lance une gamme d’emballages avec le bouchon easyconnect. Produit en série pour la première fois, ce système offre aux opérateurs une sécurité d’utilisation renforcée. Cette évolution confirme la volonté de Syngenta d’améliorer l’expérience et la sécurité des utilisateurs qu’ils soient ou non équipés du système de transfert fermé easyconnect.   

easyconnect -Syngenta

Mise en situation de l’emballage équipé d’un bouchon easyconnect.

Janvier

Du 16 au 18 janvier, dix adhérents de Phyteis exposent leur offre combinatoire lors du Sival à Angers. Un maximum de synergie est recherché pour sécuriser la protection des cultures légumières, de la vigne et des vergers face au retrait de substances actives. Cinq d’entre eux animent des conférences à vocation pédagogique. Dans ce cadre, Action Pin explique les usages des produits à base de terpènes. Sumi Agro fait de la pédagogie sur les différentes solutions de confusion sexuelle. Philagro précise le mode d’emploi des produits composés des toxines de Bacillus thuringiensis (Bt). De Sangosse partage les résultats d’essais sur les effets de synergie entre le cuivre d’origine naturelle de Certis Belchim et son biocontrôle, le bicarbonate de potassium formulé.

Enfin, Certis Belchim intervient avec Unilet (filière de légumes industriels) pour présenter les résultats d’essais de désherbage de précision de légumes à partir d’acide pélargonique. L’expérimentation est menée avec Ara d’Ecorobotix.

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Décembre

Xarvio® Digital Farming Solutions de BASF étend ses options de connectivité avec CNH Industrial. Le groupe équipementier comprend les marques Case IH (via la plateforme AFS Connect), New Holland (via la plateforme MyPLM Connect), ainsi que STEYR (via la plateforme S-FLEET).

Les utilisateurs peuvent exporter les données de contours de parcelles vers xarvio® FIELD MANAGER et importer diverses cartes de modulation intra-parcellaire pour leurs tâches de semis, protection des plantes et fertilisation.

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Novembre

L’offre des adhérents de Phyteis mise en avant sur le Sitevi, du 28 au 30 novembre à Montpellier, concerne tous les aspects de la santé des vignes. Tout l’enjeu est de sécuriser la production en vigne. Il s’agit de faire face au retrait de molécules pour contrôler le mildiou et le black-rot mais aussi de gérer les résistances.

Présentation des stratégies combinatoires par Ascenza, Phyteurop et Syngenta. Focus sur l’actualité de Corteva, Certis Belchim, De Sangosse, Action Pin et Sumi Agro.

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Avec moins de produits phytopharmaceutiques et un durcissement des normes environnementales, la construction des programmes de protection de la vigne se complexifie. Le mildiou se positionne en tête de liste des bioagresseurs à gérer !

Trois acteurs agricoles des technologies de précision, FieldView de Bayer pour le numérique, Tecnoma et Berthoud pour la pulvérisation, concluent une alliance lors du salon AgriTechnica. Ce dernier s’est tenu du 12 au 18 novembre 2023 à Hanovre, en Allemagne. Ils proposent, dès la commande des pulvérisateurs, d’intégrer FieldView dans l’équipement. Cette plateforme numérique collecte en temps réel les informations liées à l’application précise des produits de protection des cultures telle que la modulation de doses intra-parcellaire. Converties sous forme de carte, ces informations géolocalisées permettent de surveiller en temps réel les performances de la pulvérisation.

 

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